Le Monde revient sur l’engagement militant du quotidien régional “La Voix du Nord” contre le Front National.
En ce petit matin du lundi 30 novembre 2015, la candidate Front National, Marine Le Pen, s’étrangle en lisant la presse. Six jours avant le premier tour des élections régionales, le quotidien La Voix du Nord vient de frapper fort. Le journal du groupe belge Rossel publie une enquête intitulée : « Pourquoi une victoire du FN nous inquiète ? »
Au micro d’Olivier Mazerolle, sur RTL, la candidate FN dénonce cette démarche : «C’est profondément scandaleux. (…) C’est un tract du PS.» […]
Dans les annales de la presse quotidienne régionale, il est assez inédit qu’un titre s’engage de manière si claire dans un scrutin terriblement tendu. En ce sombre automne 2015, plusieurs sondages annoncent le Front national gagnant en cas de triangulaire mais aussi en cas de duel face à Xavier Bertrand (LR). « On ne voulait pas apparaître comme un journal anti-FN. Ce n’était pas un positionnement politique , se souvient Gabriel d’Harcourt, directeur général délégué et directeur de la publication de La Voix du Nord. Mais c’était assez naturel avec l’histoire et les valeurs du journal d’expliquer les choses, d’être acteur de la région, pas spectateur. »
A l’origine, La Voix du Nord est un mouvement de résistance et un journal clandestins. D’avril 1941 à août 1944, l’objectif des 65 numéros publiés était de rendre à la population de la région espoir et confiance, tout en s’opposant à la propagande de l’occupant. Soixante-dix ans plus tard, cet ADN du titre a motivé la rédaction en chef à diffuser deux éditions engagées. […]
Depuis la victoire de M. Briois au premier tour des municipales en 2014, le chef d’agence d’Hénin-Beaumont Pascal Wallart et son équipe vivent un quotidien compliqué, usant. Et depuis un an, les ponts sont rompus avec la mairie. Menaces de procès en diffamation, tentatives d’empêcher la parution en print de certains articles gênants édités en ligne, harcèlement par SMS : les pressions sont fortes de la part du parti de « la France apaisée ». « Notre probité est toujours mise en cause. Pour Bruno Bilde, nous sommes des militants, pas des journalistes , soupire M. Wallart. Le FN a une communication maîtrisée qui ne peut être que positive. » […]
Le Monde